Les horribles souvenirs de Tchernobyl et maintenant de Fukushima sont trop frais et trop frappants pour qu'on s'autorise à méditer tout autre choix que celui de mettre fin à notre dépendance à l'énergie nucléaire. Mikhaïl Gorbatchev, interview journal Le Monde, 27 septembre 2011
La Suisse utilise l’énergie nucléaire pour produire de l’électricité depuis 1969. En 2012, le pays compte cinq réacteurs dans quatre centrales. Ces réacteurs ont fourni 26 344 GWh d’électricité, représentant 41,3 % de l’électricité produite en 2007.
À la suite des accidents nucléaires de Fukushima, le conseil fédéral annonce le 25 mai 2011 une sortie progressive de l’énergie nucléaire programmée pour 2034.
La décision de sortir du nucléaire a été confirmée le 28 septembre 2011 par le Conseil des États tout en n’interdisant pas cette technologie et en exigeant la poursuite de la recherche sur le nucléaire2,3, puis le 21 mai 2017 par l’approbation par référendum une nouvelle loi sur l’énergie qui vise à remplacer progressivement le nucléaire par des énergies renouvelables. Après la Seconde Guerre mondiale, la Suisse tente de développer son propre programme nucléaire civil. Il est cependant stoppé en 1969 par l’accident de la centrale nucléaire de Lucens. Les quatre centrales nucléaires sont mises en service entre 1969 et 1984, toutes avec des technologies importées5. Les premiers mouvements d’opposition de la population à cette énergie se déroulent en 1970.
La Suisse a planifié de construire des armes nucléaires durant la guerre froide. Un mois après les bombardements atomiques d’Hiroshima et Nagasaki, le gouvernement suisse étudia cette possibilité et poursuivi son programme nucléaire durant 43 ans jusqu’en 19886,7. Depuis la Suisse a signé le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires8.
En 1988, les projets des centrales nucléaires de Kaiseraugst et Graben sont abandonnés, bien que bénéficiant de certaines des autorisations requises. D’autres projets de centrales ont aussi vu le jour à Verbois, Inwil et Rüthi. Le 23 septembre 1990, le peuple rejette l’initiative intitulée «Pour un abandon progressif de l’énergie atomique», avec 52,9 % de non. Le même jour la votation sur l’initiative populaire « Halte à la construction de centrales nucléaires (moratoire) » est acceptée avec 54,5 % de oui10. Cette votation aboutit au gel des autorisations de construction de centrales nucléaires en Suisse, pour une durée de dix ans11. La votation populaire du 18 mai 2003 a rejeté les projets Sortir du nucléaire (pour la désaffectation progressive des centrales nucléaires) et Moratoire-plus (pour la prolongation du moratoire) respectivement par 66,3 % et par 58,4 % de non.
Le 27 février 2007 le conseil fédéral décide le remplacement des actuelles centrales et le développement des centrales à gaz5.
En juin 2008, le groupe Atel – maintenant renommé groupe Alpiq depuis sa fusion avec le groupe EOS – annonce avoir déposé, auprès de l’Office fédéral de l’énergie une demande de construction d’un site à proximité de celui de Gösgen, ce site aurait une puissance de 1 600 MW13.
Le 15 novembre 2010, l’Inspection fédérale de la sécurité nucléaire (IFSN) a déclaré « adéquats » les trois sites proposés (Mühleberg (BE), Beznau (AG) et Gösgen (SO)) pour la construction de trois nouvelles centrales nucléaires en Suisse, le type de réacteur reste à choisir.
À la suite des accidents nucléaires ayant touché les installations de Fukushima, la cheffe du DETEC (département fédéral ayant notamment en charge l’énergie) Doris Leuthard décide le 15 mars, de la suspension des procédures en cours concernant les demandes d’autorisation pour la construction des trois nouvelles centrales16. Le 25 mai 2011, le conseil fédéral confirme la sortie progressive de l’énergie nucléaire1 en décidant de ne pas renouveler les centrales nucléaires en service et opte pour leur arrêt définitif une fois que celles-ci auront atteint 50 ans, c’est-à-dire entre 2019 et 2034. Le 28 septembre 2011, le Conseil des États a confirmé l’arrêt de la construction de nouvelles centrales nucléaires tout en exigeant la poursuite de la recherche dans le nucléaire2.
En 2012 est lancée une Initiative populaire «Pour la sortie programmée de l’énergie nucléaire». Le vote effectué le 27 novembre 2016 rejette celle-ci.